LES CURES DE L'ANCIEN REGIME
Le premier est François Martin. Il reçoit le 30 octobre 1719 la visite musclée de deux religieux de l’abbaye de Saint-Vincent-aux-Bois, accompagnés de surcroit par deux hommes armés de Saint-Jean-de-Rebervilliers. Ils réclament leur dû sur la dîme. Le curé sort de son lit, appelle à l’aide les paroissiens qui accourent et font fuir l’escorte.
Le deuxième s’appelle François Desomme, il traverse la Révolution et ses tourmentes sans encombre et meurt en 1803 après 52 ans de sacerdoce auprès des Marvillois. Il a 30 ans à son arrivée et 82 ans quand il rend son dernier souffle.
A son arrivée en 1751, Marville a 510 âmes, Levasville 130 et La Touche 90. Le prieur mène ses ouailles en procession le dimanche au champ du Libera, un champ de 140 perches, propriété de la paroisse. En 1763, son cœur bat fort. C’est le baptême de la nouvelle cloche en présence d’une myriade de curés venus des alentours. Elle porte le nom de sa marraine, Anne-Charlotte de Montigny, mariée à Gaspard-Louis Rouillé d’Orfeuil, devenu grâce à son mariage le seigneur des lieux. Il est représenté en ce jour solennel par la sœur du prieur, Pétronille.
Mais des temps nouveaux arrivent, la Révolution est en marche et de nature docile, le bon prélat prête serment à la République à trois reprises. Le 27 novembre 1791, il prête serment à la constitution civile du clergé en ces mots. « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m’est confiée, d’être fidèle à la nation, au roi et à maintenir de tout mon pouvoir la constitution civile du clergé décrétée par l’Assemblée Nationale et acceptée par le roi. » Le 27 septembre 1796, il prête le serment de soumission aux lois de la République. « Je jure être fidèle à la nation et maintenir la liberté et l’égalité, mourir en la défendant » Un an plus tard, le 15 Vendémiaire an VI, il prête serment de haine à la royauté avec ces mots qui sont de règle mais conviennent si peu à un homme d’Eglise. « Je jure haine à la royauté et à l’anarchie, attachement et fidélité à la République et à la constitution de l’an III »
Devenu prêtre jureur ou constitutionnel, il reçoit du Directoire en 1791 un traitement fixé à 900 livres d’argent et 50 minots de blé de seconde qualité, 18 minots d’avoine, 2 minots de vesse et 2 d’orge, 50 bottes de paille, 6 pochetées de grosse paille, pour une valeur de 1200 livres. Le temps passe et François Desomme sort indemne de la Révolution.
Le concordat arrive : qu’à cela ne tienne, il prête à nouveau serment le 22 Floréal an XI, à l’église curiale de Dreux devant les autorités civiles et militaires. Il s’agit d’affirmer son obéissance et sa fidélité au pouvoir établi par Napoléon. Mais la nouvelle organisation du diocèse et le rattachement à Versailles lui font craindre un bouleversement de son existence. Il voudrait finir sa vie à Marville, il a 82 ans et vient de faire une chute dans l’église alors qu’il veillait aux réparations. Dans une lettre poignante à l’évêque de Versailles, le 9 mai 1802, il demande son maintien dans la paroisse. Il obtient gain de cause finalement et meurt à Marville, le 25 décembre 1803, à 16 heures, à l’âge de 83 ans. Sa sœur, Marie Louise Pétronille lui survit 10 ans et continue à habiter au presbytère, tout en laissant à la disposition du nouveau curé une chambre à l’étage. Elle meurt, elle aussi à 83 ans, le 19 janvier à 5 heures. A croire que l’air de Marville a toujours été bon. Ce sont Jean François Hamard et Pierre Le Roy, amis de la défunte qui font la déclaration du décès. On ne peut quitter les Desomme sans citer ce que le bon curé disait de Marville.
Il y a deux grandes et belles rues, deux petits carrefours, une belle église qui peut contenir 900 personnes, avec une tour bien solide de bonne maçonnerie procurant à l’église dans son pourtour une très belle tribune pouvant tenir 100 personnes, un très beau château à la moderne résidence du propriétaire, un beau et très bon moulin à vent pour le blé, solidement bâti en bon grès, une neuve et belle tuilerie.
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